26 - 10 - 2025
Opportunity Players : Le futur terreau du développement du handball belge sur la scène internationale ?
Un peu comme Jean-Pierre Delchef pour le basket, Benoit Neuville fut l’un des premiers à croire au projet Opportunity Players et à souhaiter que les fédérations du pays s’allient à la plateforme. Actuellement secrétaire général de la Ligue Francophone de Handball mais aussi secrétaire adjoint à l’Union Belge depuis 2022, ce dernier évoque la situation du hand chez nous ainsi que l’intérêt d’une telle collaboration.
« J’ai eu la chance de toucher un peu à tout », dit d’abord Benoit au moment de se présenter brièvement. « J’ai d’abord fait des études pour devenir professeur d’éducation physique. Côté carrière, j’ai commencé à 7 ans. J’ai joué pas mal d’années en D1 belge avec des passages à l’Union Beynoise, au HC Visé BM mais aussi à Eynatten en plus d’avoir quelques sélections en équipe nationale, chez les Red Wolves. Mais j’ai également été entraineur à Beyne principalement ainsi qu’au niveau des sélections de la Ligue, sans oublier la casquette de coordinateur sportif à la Fédération. »
« Notre objectif est de développer nos équipes nationales »
Rapidement, l’homme évoque les raisons qui l’ont rapidement poussé à croire en « Opportunity Players », un projet qu’il estime susceptible de faire croître la discipline chez nous.
« Pourquoi on a voulu s’associer à cette plateforme ? Car le handball en Belgique n’est pas professionnel et notre objectif est de développer nos équipes nationales et permettre à nos joueurs qui ont du potentiel d’aller se montrer et rentrer en contact avec des clubs de plus haut niveau. Le coté international d’Opportunity Players nous intéressait. Si ça se limitait à la Belgique, il y aurait eu des limites pour le développement de notre sport. Mais c’est aussi l’occasion de pouvoir se présenter de manière structurée. Dans le hand, c’est surtout par opportunité qu’on trouve un club ou qu’on recrute mais rien n’est réellement mis en place pour que nos jeunes ou ceux en fin de formation (soit ceux autour de la vingtaine) aient un endroit pour se montrer ou être vus. »
Le handball : un sport simple et très accessible
Il est évident de dire aujourd’hui que le handball reste moins populaire que des sports tels que le football ou le basket, pour diverses raisons.
« C’est un sport qui est aussi moins enseigné ou moins montré aux élèves lors des cours d’éducation physique à l’école. Pourquoi est-ce qu’on a moins d’adhérents en Belgique ? Au niveau européen, si tu dois comparer au hockey sur glace par exemple qui séduit beaucoup, la concurrence internationale ou européenne est beaucoup plus importante dans le hand. Quand on peut plus facilement accéder à des compétitions internationales, il est aussi plus facile d’attirer des joueurs. La compétition européenne de handball est très rude. Puis, on a des soutiens publics qui restent limités ou dépendants de résultats. »
Pourtant, le hand reste au final très simple dans son accessibilité et sa pratique. « On retrouve surtout les habilités motrices de bases qu’on peut retrouver dans l’athlétisme. C’est un sport qui reste très accessible pour un public de non-initiés. J’ai vu ça dans les écoles, les enfants peuvent très vite se prendre au jeu et ça peut devenir très vite motivant. C’est dynamique, le temps est limité et pourtant, on voit beaucoup de buts. C’est plaisant et simple à comprendre et pas trop entrecoupé. C’est un sport de contact mais très respectueux, où l’arbitre à toutes les armes pour veiller au bon déroulement du match et à la protection des joueurs. C’est un sport où le respect est vraiment présent. »
Selon Benoit, ce sont plutôt les actions d’initiation ou de recrutement qui portent leurs fruits. « Ce n’est pas l’enfant qui va naturellement pousser la porte d’un club de handball. On a une formation de qualité chez nous mais on n’arrive pas nécessairement à attirer des joueurs de l’extérieur d’un certain niveau. »
Une dernière phrase qui peut aussi rejoindre la « complexité » du recrutement à l’international. « Le recrutement international dans nos clubs n’est quasiment du qu’au fait de l’arrivée de jeunes venus en Belgique pour les études ou de travailleurs qui viennent chez nous pour le boulot. Il y a quand même beaucoup de joueurs étrangers car la Belgique reste particulière au niveau européen. Le reste, ça se fait par des contacts entre entraineurs ou entre quelques recruteurs/managers avec qui le club a des contacts. »
Créer des ligues partenaires
Comme le handball, Opportunity Players possède de nombreux atouts selon Benoit Neuville. « Pour moi, le gros point fort est qu’elle est centralisée sur le sport et tend à rassembler tous les acteurs, là où sur les autres réseaux sociaux, c’est tous publics. Donc, il y a un cadre. C’est aussi une opportunité pour les clubs de se mettre en contact avec d’autres partenaires. Par exemple, avec la Ligue Grand Est de Handball en France, on collabore pour certains projets. Cette plate-forme pourrait servir pour créer des ligues partenaires au niveau de certains sports, où elles peuvent parler entre elles pour organiser conjointement des tournois, des stages, … Puis, nous, ici, on a multitude d’étudiants étrangers qui viennent chez nous. Ces étudiants pourraient avoir une connaissance plus pointue de l’endroit où ils arrivent en étant mieux orientés. »
Les avantages de la plateforme ne s’arrêtent pas là pour Benoit. Les CV, les vidéos, les profils détaillés, les mensurations, le fait de pouvoir se mettre en avant par rapport à des recruteurs sont autant de points forts à mettre en avant.
« On n’a pas de base de données statistiques consultables dans le handball où on peut voir tel pourcentage de réussite, les mensurations exactes, … La petite taille de notre pays peut faciliter les connaissances sur tel ou tel joueur. C’est un petit monde chez nous donc les infos peuvent facilement transiter d’un club à un autre, d’un coach à un autre. Mais on n’a pas de plate-forme où tu peux te montrer ou bien même voir et analyser le profil d’un joueur. Ç’est aussi aux fédérations à inculquer cette culture. On est dans un pays où le sport n’est pas une priorité. Il faut faire comprendre qu’un belge a les capacités et les outils d’envisager une carrière pro. Si tu n’as rien pour entrer en contact avec des structures, ça ne sert à rien. La plateforme peut représenter cet outil pour passer un cap. »
Les clubs amateurs utiles à la pratique des novices
Si l’accompagnement dans un sport collectif se veut différent d’un sport individuel, pouvoir trouver des professionnels compétents et précis s’avère important dans les clubs.
« Pour eux, rejoindre Opportunity Players, c’est la possibilité de rencontrer des professionnels certifiés et d’avoir une idée de leur expérience dans le milieu. C’est bénéfique car ce n’est pas encore systématique d’avoir un accompagnement autour des équipes. Il y a des kinés mais pas nécessairement un médecin ou même un préparateur physique dans une équipe. Ce rôle-là est souvent assuré par le coach. C’est clair qu’un préparateur physique ne va pas gagner sa vie au sein d’un club amateur mais ça va lui permettre d’expérimenter et de se montrer. On le sait, à ce niveau-là aussi, une expérience de kiné ou de préparateur physique ne commence pas au sein d’un club pro. C’est aussi là que les clubs amateurs sont utiles. »
« C’est également une plateforme sécurisée », embraye Benoit. « Clairement, le public-cible est un public de connectés et ça commence dès l’âge 12 ans jusqu’à 18-20 ans et au-delà. Le public-cible, en termes de professionnalisation, ça se fait à partir de 15 ans. Dès cet âge, il existe déjà des pôles dans d’autres pays qui peuvent être intéressés par nos joueurs belges. On pourrait tomber sur des gens qui ont des faux profils et proposer des faux contrats et de faux contacts. On a eu le cas de joueuses liégeoises qui ont eu une mauvaise expérience à l’étranger car elles n’étaient pas au courant des pratiques malhonnêtes du club dans lequel elles allaient. J’ai déjà pratiqué sur ce genre de forums ou autres. Il y a des joueurs qui disent avoir joué dans tel ou tel club mais tu n’as pas de photos ou de preuves que c’est bien le cas. Théoriquement, ici, tu peux avoir confiance en la personne qui t’écrit. »
Selon Benoit Neuville, il faudra plusieurs années avant qu’Opportunity Players ne devienne incontournable. Mais ce dernier a très bon espoir que cette plateforme soit un réel « game changer », aussi bien pour le handball que pour d’autres sports.
« Ça prendra des années pour avoir un réseau suffisamment grand pour qu’un handballeur puisse avoir des contacts réguliers via la plateforme et qu’un vrai écosystème se crée. Il ya cet espoir derrière d’avoir une équipe nationale performante. Si tu performes, l’intérêt grandit partout et tu reconstruis ta pyramide. Mais ce n’est pas sur 2-3 ans que ça va changer. »
Des projets communs avec la LFH et l’Union belge
Pour conclure, il faut évidemment évoquer les projets déjà en cours et à venir entre Opportunity Players et les fédérations francophones et belges de handball. Un partenariat qui va en aider plus d’un.
« Il y a eu un projet tout récent avec la la Ligue Francophone de Handball, une collaboration autour d’un stage qu’on organisait avec la Ligue Grand Est où 30 français(es) et 50 belges étaient réunis pendant une semaine à Spa. On a présenté la plateforme et informé de son utilisation. Ces jeunes-là peuvent rentrer dans les conditions du haut potentiel et chercher à se montrer. Un joueur-loisir n’aura pas le même intérêt que celui qui a de l’ambition de jouer ici ou à l’étranger. Il y a une visibilité sur des événements internationaux de nos équipes nationales où il y a tous les publics possibles réunis. On veut mettre la plateforme en avant et montrer qu’on a un partenaire de qualité et fiable. On va rééditer aussi un évènement, un tournoi avec des hauts potentiels, de nouveau à Spa. Il y aura une sélection francophone et flamande chez les U16, deux équipes de l’international, française et allemande, et Opportunity Players sera aussi là. »
Plus que jamais, Benoit Neuville comme la LFH et l’Union Belge veulent créer ou intensifier une culture à part entière. « Celle de devoir se montrer si on veut aller plus loin. C’est surtout les actions sur le terrain qui sont utiles, le fait d’être proches des joueurs et joueuses et montrer en quoi Opportunity Players peut être un levier pour eux. »
Joachim Gilles média Opportunity Players
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